aujols-Laffont

La quittance, un acte souvent négligé

Et pourtant...il y en a pléthore dans

 les registres notariés ; mais elle ne fait pas partie des « vedettes » de la recherche pour les généalogistes : les contrats de mariages, les testaments et les partages quand ils existent sont au top des consultations 

Il est vrai que nos ancêtres en usaient et même en abusaient, la dette ayant été enregistrée chez le Notaire, le moindre versement de tout ou partie de celle-ci faisait l'objet d'une quittance et cela se comprend en l'absence de toute possibilité de monnaie scripturale .

De plus, tous se méfiaient du papier monnaie depuis la faillite des assignats révolutionnaires, alors le règlement devait se faire en monnaie « sonnante et trébuchante » et ayant cours : au Notaire de compter et certifier les pièces (le numéraire était rare et précieux) et même si les faussaires ne risquaient plus d'être « bouillis en chaudron » comme au Moyen-Âge, il en existait encore!

 

D'où viennent les dettes de nos ancêtres ? En fait, il semble bien qu'ils achetaient « à crédit » mais en l'absence d'organismes dédiés, ils fixaient entre eux les échéances de paiement de la dépense ...toujours devant Notaire, seul garant du crédit et de son règlement .

Aux XVIII° et XIX° siècles, les achats de terres, les dots ou les remplacements de conscrits se payaient en plusieurs fois et donnaient lieu à quittance

 

Ces quittances nous apportent donc nombre de renseignements sur la gestion financière du budget familiale, mais aussi des informations généalogiques sur chacun des protagonistes : nom, sobriquet, prénom, domicile, profession mais aussi très souvent filiation en Ariège (le grand nombre d'homonymes oblige les Notaires à distinguer entre tous les Jean Laffont ou Piquemal portant le même sobriquet...si vous n'avez jamais fait de recherches en Ariège, allez jeter un œil sur les tables décennales de Massat à la lettre P (Piquemal) ou G (Galy) vous comprendrez très vite  le problème !

Nous avons aussi la mention des actes à l'origine de la dette : achat/vente, contrat de mariage ou de remplacement de conscrit etc...et donc la possibilité de nous y reporter s'ils existent sinon il faut consulter les enregistrements des actes pour avoir un résumé très succinct de leur contenu

 

Voici quelques exemples de quittances très intéressantes

 

Le 20 Juin 1842 Jean Piquemal Lagorre obtient quittance de la dot de sa fille Marie lors de son contrat de mariage avec Jean Piquemal Barou en lui donnant un pré :

 

don d'un pré pour paiement de dot 1827 dot 350 fr.PNG

« Commune de Boussenac, lequel [Jean Piquemal Lagorre] ne pouvant se libérer en espèces métalliques au cours de ce jour de la contribution dotale par lui faite à Marie Piquemal Lagorre sa fille, épouse de Jean Piquemal Barou dans son contrat de mariage au rapport de nous notaire en sa date enregistré, cède et abandonne avec toutes garanties à Jean Piquemal Barou son gendre, cultivateur demeurant au Rieuprégon susditte commune de Boussenac, présent et acceptant à compte de l'entière constitution ci dessus et pour et jusques à concurrence de la somme de 200 fr un pré dit dejous Lacouère... » cf quand les terres portaient un nom

 

Voici deux quittances relatives au paiement d'un bien et nous constatons que les délais de règlement sont parfois longs !

Ici 9 ans !!!

 

doc 2 vente 21-1-1883 9 ans après.PNG

 «  a comparu Jean Laffont del CardaIyre fils de feu François cultivateur demeurant au quartier du Caychounet commune de Massat, lequel par la présente a déclaré avoir reçu en espèces de cours

de Jean Piquemal Baluard fils de feu Jean dit Grabet, cultivateur demeurant au quartier de Peyregude commune du Port ici présent et acceptant

la somme de 107 fr 50 centimes pour paiement intégral capital et intérêts du prix de la vente qu'il consentit à ce dernier devant notre prédécesseur le 8 Novembre 1874, enregistré »

 

Ici pas moins de 15 ans !

 

doc 3 quittance vente 1-3-1875 15 ans après.PNG

« Bernard Laffont del Cardaÿre, cultivateur habitant du quartier des Eychards commune de Boussenac, lequel par la présente a volontairement déclaré et déclare avoir reçu de Antoine Laffont del Cardaÿre fils de feu Paul cultivateur habitant du même quartier des Eychards ici présent et acceptant

la somme de 377 fr 25 centimes pour le montant en principal et intérêts d'une obligation résultant d'un acte de transport reçu par nous notaire le 20 Décembre 1860 enregistré de laquelle somme il leur donne quittance et moyennant ce cet acte demeure pleinement acquitté de nul effet et valeur »

 

 

Ces quittances nous permettent aussi de définir avec qui nos aïeux étaient en affaire, en relation tendues ou d'amitié Je me souviens d'une lettre de François Laffont del Cardaÿre à Mathieu Faux, son neveu, qui voulait vendre sa maison à Riverenert et qui lui conseillait de choisir un acheteur proche ou dans la famille quitte à lui consentir un prix légèrement plus bas qu'à un « étranger »

 

Donc avec ces achats/ventes , on peut trouver des liens privilégiés entre familles non apparentées ou des amitiés durables, parfois vérifiées par le choix des parrains et marraines ou des témoins de mariage.

 

Lisez ou relisez le paysan beauceron : une étude sociologique des interactions familiales et sociales d'un paysan "sans histoire" qui pourtant nous en apprend beaucoup sur son mode de vie ! 

 

livre sur la Beauce.PNG

 

 

 

 

 



11/06/2021
7 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 248 autres membres