Z comme Z'avez jamais fait d'erreur dans vos recherches ?Les procurations, indices de migrations définitives
En commençant mes recherches en Ariège, il y a deux décennies, j'ai fait comme tous les descendants de migrants : je suis arrivée à la Mairie avec un patronyme sans sobriquet ( Premières recherches). J'ai eu droit à la question récurrente dans la vallée : Laffont comment ? En effet, il y a des Laffont del Par, des Laffont Lagras, des Laffont "tout court", des Loubet Laffont et de Laffont de Sentenac, gros propriétaires, maîtres de forges et sans doute nobles ou passés un siècle plus tôt par la "savonnette à vilain" qui permettait en achetant une charge administrative (très cher) d'acquérir la noblesse de robe... Et des Laffont del Cardaÿre, les Miens, encore faut-il le savoir !
Avec la fréquentation sans modération des Archives, j'ai finalement percé une partie des secrets des sobriquets, qui, à mon sens sont bien pratiques. Mais en abordant la "diaspora", je me suis aperçue que la majorité des migrants "escampaient" (jetaient) leurs sobriquets au premier virage !
Pour suivre les migrants, il faut donc les prendre à la source, chez les Notaires de la vallée qui ne manquent pas, eux, de les indiquer. S'ils partent pour un certain temps (même avec une intention de retour) ou s'ils migrent définitivement, ils ne manquent pas d'établir une procuration pour leurs proches ou amis chez Notaire. Ces actes peuvent donner une gestion temporaire ou une faculté élargie qui inclue la possibilité de vente des biens... Or c'est un indice que je n'ai pas su cibler dès le début car la vente des biens ancestraux implique une migration définitive !!! l
Le migrant n'envisage pas de revenir même à la fin de son activité professionnelle.
Alors, il faut confier à ceux qui sont restés, parfois la femme elle même avant de rejoindre son époux, mais aussi les frères ou les cousins se voient investis de la charge de liquider les biens dans la vallée. Pour cela, le migrant leur établit une procuration qui nous donne sa profession et son adresse précise. Le relevé systématique de ces procurations permettrait de définir les pôles d'attraction mais aussi les métiers exercés et les quartiers qui abritaient ces migrants intérieurs.
Malheureusement, je n'ai compris que tardivement l'importance de ces procurations et je n'ai pas fait vraiment un relevé systématique... Voilà mon erreur majeure dont je me mords encore les doigts !
En premier lieu, les destinations qui furent temporaires auparavant. L'Aude et l'Hérault où les "colles" partaient pour les vendanges et où, beaucoup de jeunes découvraient le vin et le pain blanc, faisaient figure del dorado avant le phylloxéra. L'ordinaire, même s'il nous semblerait chiche, est nettement supérieur à celui des montagnes, la soupe est souvent agrémentée de viande, autant dire un festin qui change des pommes de terre et des bouillies. Ils attirent aussi les premiers "administratifs" : douaniers et gendarmes, tout comme les Hautes Pyrénées.
Toulouse semble concentrer les "non qualifiés" pour y être portefaix, terrassiers ou marchands des quatre saisons.
Et puis Bordeaux pose un problème, la ville est-elle une destination en soi ou une étape vers des migrations plus lointaines, dans laquelle on fait étape pour y amasser un petit pécule? sans doute les deux.
Paris semble attirer les petits bourgeois ariégeois ou les très démunis prêts à n'importe quel emploi qui puisse les nourrir : porteurs d'eau, portefaix.
Mais partout à Toulouse, Paris ou à l'étranger, on retrouve des "pays" qui facilitent l'hébergement et trouvent du travail, il y a même parfois des sociétés d'entraide...
Pour en revenir aux procurations, ce ne furent que des impressions venant du feuilletage et de la lecture diagonale de centaines d'actes mais un relevé systématique me semble trop chronophage ; j'aurais dû le commencer dès le début...hélas, l'idée ne m'a frappée qu'après quelques dizaines de lectures ...
Depuis mon "illumination", je recueille systématiquement ces procurations, en voici un exemple d'un Laffont (sans sobriquet) demeurant à Marseille en 1874 :
Et un Pagès Guarrigue résidant à Paris en Avril 1875 :
Mais j'ai dû rater les premiers migrants et j'enrage d'avoir commis une telle bourde !!!
Et ça coûte cher : des jours de recherches surtout que souvent les registres ne comportent pas de tables en Couserans...
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