Migrations et sobriquets
Fini le doux confort de la vallée, il faut maintenant suivre les migrants partout en France et dans le monde !
Seulement voilà, la plupart ont laissé tomber leur sobriquet dès la porte de Kerkabanac franchie ! Je sais, ces additifs n'ont de valeur qu'en Couserans pour différencier les porteurs d'un même patronyme, souvent prénommés Jean ou Marie, François ou Jeanne ! (les sobriquets en Couserans) mais c'était tellement pratique pour se repérer dans les tables décennales !
Ainsi Jean Piquemal, âgé de16 ans, décède à Narbonne le 31 Janvier 1866, l'extrait est transcrit dans les registres de la commune de Massat le 16 Juillet :
Déjà, pour nous, hommes du XIX° siècle, le délai entre le décès et l'enregistrement semble incroyable : presque 6 mois !
Maintenant, essayons de retrouver la naissance de ce pauvre jeune homme sans sobriquet, né vers 1850
Après avoir scruté 6 pages de naissances Piquemal dans les tables décennales, nous notons 5 Jean, avec une belle concentration en début d'année :
Aucun n'est fils de Marie Sentenac, bien, recherchons en 1849 : 5 autres Jean Piquemal ont vu le jour … finalement l'avant dernier de la liste correspond en terme de père et mère et enfin Jean retrouve son patronyme complet : Piquemal Carlet
Ici, le cas est simple quoiqu'un peu plus long à résoudre sans le sobriquet, mais imaginons que 2 ou 3 Marie, prénom le plus fréquent, Sentenac aient épousé un Jean Piquemal et aient prénommé leurs fils Jean comme leur père (c'est souvent le cas pour l'aïnat) ; il aurait fallu chercher le décès des trois enfants, quelques décennies plus tard pour constater que l'un d'entre eux avait rendu l'âme hors de la vallée !!!
Dès le début de mes recherches en Couserans, j'ai été confrontée au sobriquet : mon AGP, comme nombre de migrants, avait laissé le sien aux Eychards. Je pense même que ma grand-mère l'ignorait, elle qui pourtant me parlait de l'Ariège en disant « chez nous » ( premières recherches)
Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est qu'il soit possible d'amputer un patronyme qui figure dans l'Etat Civil. Même le recrutement militaire en Couserans conserve l'intégralité du nom (les fiches Mémoire des hommes et l'Ariège) et mon AGP ne « perd » son sobriquet que lors de son mariage à Cambernon dans la Manche ! Pourtant il avait fourni un acte de naissance sur lequel il figurait et son père Mathieu avait fait établir devant notaire un consentement à mariage ! Que se passe-t-il ? Paresse de l'Officier d'Etat civil ou minimisation du sobriquet par le migrant lui-même ?
Je porte un patronyme double, dû à un jugement d'adoption (de mon père et de mon oncle par leurs grands-parents maternels), si, dans la vie courante, je peux n'utiliser que le premier, je suis tenue de faire figurer les deux, reliés d'ailleurs par un trait d'union, dans tous les actes officiels...
Si cet « abandon » du sobriquet complique les recherches des migrants en France, c'est encore plus difficile pour ceux qui changent de continent !!!
Les premiers migrants ne parlent que le patois un tantinet rocailleux de leur vallée, imaginez ce que peut comprendre le préposé à l'immigration d'Ellis Island et ce que peut devenir un patronyme comme « Laffont del Cardaÿre » en Anglais, Américain, Espagnol ou Portugais !
D'après mes recherches, à approfondir, soit seul le patronyme principal est retenu et graphié à l'ouïe par les fonctionnaires, soit Laffont devient L. comme un second prénom (exemple Georges W Bush) ce qui donne Jean L. del Cardaÿre, le « del » peut aussi disparaître dans les méandres administratifs, ce qui peut donner Jean Laffont Cardaÿre ou Jean L. Cardaÿre ou encore Jean Cardaÿre ! Par miracle, le nom intégral peut être conservé mais, ce Jean là, avait épousé une Américaine, veuve et demeurant à Paris, avant d'émigrer (V comme vive les mentions marginales) !
Alors, il faut s'armer de courage sur Family Search qui « ratisse » un peu trop large et vous propose tous les « del » de la création ; certes, vous avez des centaines de réponses, amusez-vous bien pour le tri !
Rassurez-vous, il reste bien d'autres possibilités de retrouver les migrants mais il faut être plus tenace et acharné que dans les simples recherches locales.
Les prochains billets vous indiqueront les pistes possibles comme les listes de passagers, les passeports, les successions, les journaux d'Amicales, les articles de presse (un ariégeois échappe aux cannibales) et même les notaires ou tout simplement l'Etat civil pour la première génération...
Elle est loin « ma zone de confort » mais quelle récompense, en cas de succès !
Juste un petit exemple : une réclame trouvée dans « L'Ariejo dins Paris »
Maurette comment ? Dirait la Maire de Boussenac !
Cette Parisienne aussi a laissé son sobriquet derrière elle !
Rien que dans mon arbre, j'ai des Maurette : Berretou, Coufin, Mondet (ou Moundet), Peluychou, Perrucat et Peyrot,. Mais bien d'autres sobriquets accolés au patronyme existent !
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