Où testent nos ancêtres ?
Ils sont costauds et ne testent pas tous à leur dernière extrémité. Ils se rendent, même à un âge avancé, chez le Notaire quelle que soit la saison ! Il faut dire que beaucoup d'entre eux anticipent et testent avant d'être diminués physiquement « considérant la certitude de la mort et l'incertitude de l'heure d'icelle » selon une jolie formule notariale. Le Notaire note alors qu'ils sont « en santé ».
« ...dans notre étude a comparu personnellement Pierre Piquemal Barou, cultivateur, habitant au quartier des Barous, commune de Boussenac, lequel Pierre Piquemel Barou étant en santé, sain d'esprit vue et entendement, nous a requis de recevoir son présent testament public qu'il a dicté... » 1815
Dans les autres cas, il arrive que le Notaire, mandé en urgence et quelle que soit l'heure ou la saison, comme le prêtre, nous décrive l'installation du malade qui va lui dicter ses dernières volontés. Est-ce une manière de dire que le patriarche (ou la matriarche [c'est ainsi que me nomme mon cadet !!]) est bien traité et ne subit aucune contrainte extérieure ?
« … fut présente et constituée en personne Françoise Degeilh fille de feu Jacques Degeilh del Péré dit le Rey, cultivatrice, habitante dudit quartier, qui détenue malade dans un lit, de l'hérédité dudit feu Degeilh, son père, de maladie non contagieuse, saine d'esprit et de ses sens, nous a dit vouloir disposer d'une partie de ses biens par le présent testament qu'elle a fait et dicté comme suit... »13 Janvier 1812
« dans sa maison d'habitation, a été présent le sieur François Loubet, cultivateur, domicilié dans la dite commune d'Aleu, lequel de son bon gré trouvé au premier étage de ladite maison couverte de paille ayant jour à l'aspect du couchant et Nord au moyen de deux fenêtres , d'aspect sain d'esprit, mémoire vue et entendement, ayant toutes les facultés requises pour tester... » 6 Février 1814
« ...dépendant de la commune de Soulan dans sa maison d'habitation a été présent le sieur Jean Servat pareil, propriétaire agriculteur demeurant en ladite commune de Soulan, lequel de son bon gré trouvé au rez de chaussée de sa maison à un étage couverte ayant jour à l'aspect du levant au moyen d'une fenêtre et au midi au moyen de la porte d'entrée, ledit Servat pareil assis sur une chaise près du feu, sain d'esprit mémoire vue et entendement ayant toutes les facultés requises pour tester... » 20 Avril 1814
Qu'il soit alité ou assis auprès du feu, au rez de chaussée ou au premier étage, il a de la lumière et est bien installé et le Notaire souligne que tout est fait "de son plein gré".
Il prend soin aussi de noter que le malade dispose de toutes ses facultés, donc est en état de tester pour éviter tout recours possible d'héritiers mécontents des legs.
Certes le testateur est malade mais il conserve toute sa tête et sa maladie n'est pas contagieuse... ce qui est pour le moins bizarre c'est que cette mention figure sur les testaments établis en 1854 durant l'épidémie de choléra !!! Il est vrai que même les médecins ne pensaient pas qu'il soit contagieux...!!!
Le Notaire fait aussi une autre distinction entre « en sa maison d'habitation » et
« dans la maison de l'hérédité », autrement dit l'oustal familial. Dans le premier cas, il peut s'agir de locaux occupés suite à un bail de fermage (ou de métayage) ou bien d'une maison acquise par un cadet.
La formule : « Lesquelles dispositions volontairement et librement prononcées par le (ou la) déposant » réaffirme la liberté du testateur
Pour garantir encore que rien n'est fait sous la contrainte, au moins deux témoins, souvent quatre, sont présents à la dictée du testament, des membres de la famille ou des voisins. Ils nous sont présentés à la fin de l'acte.
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