Quatre mariages pour un héritier !
Encore un testament qui me met la « puce à l'oreille » : le nom d'André Piquemal Moussec, je l'ai lu plusieurs fois ; pourquoi ? Bien sûr, j'ai engrangé des centaines de photos mais ce nom revient souvent !
Après avoir recommandé son âme à Dieu et tous les saints, déterminé qu'il veut être sépulturé au cimetière du Port et que soient dites 5 messes hautes et 20 messes basses, nous passons aux dispositions matérielles. Une petite phrase du testament m'aide à fixer mes souvenirs :
« [les biens] qu'il laissera au jour de son décès à Jean Piquemal Moussec, son fils du quatrième lit, cultivateur dudit quartier... » Testament du 9 Décembre 1818 chez Maître Espaignac
Bien sûr, il ne m'était pas inconnu... 4 contrats de mariage et 4 actes dont un avec Françoise Laffont del Cardaÿre !
André a une vie matrimoniale compliquée à la suite de multiples veuvages et ses 3 premières unions ne semblent pas lui avoir donné un ou une héritière !
Il épouse donc Marie Loubet Sartrou qui décède en l'an VIII sans lui laisser d'enfants vivants puis Françoise Laffont del Cardaÿre le 9 Floréal an X, Marie Loubet Carrabas le 30 Mai 1808 et enfin Marie Rivère Loussail le 12 Juillet 1812 qui lui donnera son seul héritier : Jean qui n'est âgé que de 3 ans au décès de son père.
(Acte de naissance de Jean, le 16 Novembre 1815)
Dans le testament, rien au sujet de sa dernière épouse : pas de définition d'usufruit et aucun legs, elle est pourtant la seule à lui avoir donné un descendant !
Pourquoi une descendance si réduite après 4 mariages ? J'ai cherché des naissances, des enfants morts-nés, rien. En même temps, nous sommes dans un période difficile pour la recherche généalogique ; la période révolutionnaire est toujours compliquée : registres (s'il y en a) itinérants « faute de maison commune », conservation aléatoire, scribes plus ou moins experts et surtout la déclaration en Mairie n'est pas entrée dans les mœurs : on va d'abord baptiser l'enfant et puis on ne fait pas des kilomètres à pied pour trouver le Maire ou l'adjoint, après on oublie !
Toujours est-il que je n'ai trouvé que la naissance de Jean...
Trois épouses successives et pas un seul marmot ! Cela me rappelle un passage d'Isaure Gratacos dans « Femmes Pyrénéennes » où elle expliquait que beaucoup de femmes étaient de rhésus négatif dans les Pyrénées ; or si le père est positif, l'enfant ne survivra pas (fausse couche ou enfant mort-né) Evidemment, au XIX° siècle les groupes sanguins et les facteurs rhésus n'étaient pas connus, ces femmes n'étaient pas « bréhaignes » comme on disait au Moyen-Âge ; elles ne pouvaient pas mener leur grossesse à terme. De nos jours, j'ai pu avoir 3 enfants grâce à des injections mensuelles durant les grossesses mais deux siècles plus tôt …
Cette hypothèse pourrait expliquer le nombre impressionnant d'enfants morts-nés, au Port en particulier :
(TD Le Port 1853-1862)
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