Routes et chemins : un problème récurrent
Toujours en furetant dans le fonds Espaignac, ici sous série 15J19, nous trouvons nombre de documents relatifs à l'entretien des routes et leur rénovation ou déblaiement. C'est un problème cyclique en montagne, un tracas de tout temps Souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps un éboulement a failli bloquer le Tour de France au col d'Agnès Heureusement, les services ont fait diligence mais la photo est impressionnante ! Vous voyez que quand on parle d'éboulement en Ariège, il ne s'agit pas de quelques petits cailloux !!!
(La Dépèche 14 Juin 2017)
Eboulements, inondations, fortes chutes de neige ou affaissement endommagent chaque année les chaussées et nécessitent des travaux d'envergure !
Le problème ne date pas d'aujourd'hui, la première mention date (dans cette liasse) du 31 Janvier 1668...
Comment faire ?
Ce manque d'infrastructures de communication gène les échanges économiques : les ressources minières sont difficilement acheminées par portage ou muletage et les vallées sont isolées durant l'hiver
Donc peu de routes, au mieux empierrées au pire des pistes de terre qui à la moindre pluie conséquente deviennent un cloaque Souvenez-vous un guide touristique conseille de visiter le Couserans... à pied cf un guide touristique de 1872
Comment réparer ces chemins sous l'Ancien Régime : des corvées et des impôts ! Comme ici le 2 Août 1757 :
"Les communautés riveraines du chemin de St Girons à Massat fourniront le nombre d'hommes qu'il jugera nécessaire pour évacuer par provision les éboulements qui se sont faits depuis peu sur ledit chemin de manière seulement que la voiture y puisse passer sans danger et pour cet effet les consuls de Massat commanderont 40 manoeuvres intelligens faciles par ..."
En 1788, les routes de Saint Girons à Massat et à Saint Lizier sont à rénover et nous avons la chance de trouver ce que nous appelons un « appel d'offres » très détaillé pour effectuer ces travaux : actions à entreprendre, constructions à ériger pour sécuriser la route et même quantité de matériaux à employer sans oublier un personnel à rémunérer Est-ce une embauche durable, rien n'est clairement spécifié.
" Les dits travaux consistant en 4724 toises et 4 pieds courants de chaussée à entretenir journellement avec 1400 toises 5 pieds 3 pouces de gravier passés à la claïe de la grosseur d'une noix
2°) en 600 toises courantes de murs de parapets en pierres sèches et 100 toises cubes de murs de soutenement de la route le long du torrent du Salat Ces constructions seront faites avec les pierres qui proviendront de l'escarpement de 200 toises cube de rochers
3°) au décrassement des chaussées avant l'emploi des matériaux, réparations et entretien ...(rayé) tant des rampes et chemins vicinaux que des accotements de droite et de gauche, rafraichissement et entretien des cassis, rectification des talus et décombrement des ponts, pontceaux et aqueducs
4°)en enlèvement de tous les éboulements de rochers, terres ou perriers qui tomberaient de la montagne et qui n'éxederait pas 50 toises cube
5°)Enfin l'entrepreneur sera tenu de se pourvoir à ses frais de 5 cantonniers ou ouvriers manutentionnaires pris dans la classe des terrassiers auxquels il fournira les équipages et outils nécessaires à leur occupation journalière sur les cantonnements respectifs qui leur seront fixés sur ces 2 routes"
Auparavant, il semble qu'un impôt ait été envisagé mais l'établissement des rôles d'imposition tardant vraisemblablement, voici le courrier que les sindics et membres de la communauté de Massat reçurent le 6 Octobre 1788
" Muret le 6 Octobre 1788 [aux sindics de Massat et membres de la municipalité de Massat]
Nous avons l'honneur de vous prévenir Messieurs que sa Majesté a ordonné que les travaux de routes seront faits cette année par la corvée en nature, en conséquence votre communauté doit se préparer à exécuter la tâche qui lui sera assignée et doit négliger entièrement la confection du rôle de l'imposition qu'elle devait supporter ..."
Ces problèmes n'ont pas disparu de nos jours car la Nature est toujours reine en montagne mais nous avons plus de moyens matériels pour les travaux et une infrastructure administrative performante
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