aujols-Laffont

C'est-à-dire essayer de s'affranchir des coutumes « immuables » de la vallée. On se démarque de la religion, nous l'avons vu avec les Puristes ou Petchets (cf P comme Petchets ou Chambristes Challenge 2015) qui ne sont guère tolérés ; ils doivent avoir, à terme, des cimetières et effectuer les ensevelissements de nuit pour éviter les perturbations(cf les cimetières des "Puristes" )

Vivre maritalement n'est pas plus admis par le Curé (Un refus d'inhumer au Port) ; le sort des mères célibataires n'est pas enviable non plus !

Bref, transgresser, volontairement ou non, les règles ancestrales est toujours source d'ennuis dans une société aussi traditionnelle que celle des vallées, mais, pour les plus anciens, rappelons-nous qu'au deuxième tiers du XX° siècle, ce n'était pas encore facile !!!

Arrive, après le régime impérial répressif, la République, la III°. Oh ! Elle est aussi très bourgeoise et traditionaliste, et nous sommes encore loin de la séparation de l'Eglise et de l'Etat et le crucifix trône encore dans les salles de classes, nous sommes loin de l'esprit révolutionnaire de 1789 ! On ne bouleverse pas grand-chose et on aime l'Ordre.

Quel effet a bien pu produire un enterrement civil à Soulan, il devait être le premier de la vallée !

Tout le village a dû jaser et le Ritou a sans doute eu du mal à apprécier que l'on veuille délibérément se passer de ses Saints Offices....

Le Réveil du Saint Gironnais 1885

Car cette sépulture « hors normes » a eu les « honneurs » de la presse (comme celle du Port d'ailleurs) : en cause l'emplacement de la tombe dans le cimetière.

Monsieur le Curé avait fait creusé la fosse dans le carré des « réprouvés », or la famille s'y opposa... Les curés pensaient encore avoir une main-mise sur le cimetière « terre consacrée » et pouvoir refuser la sépulture dans cette terre aux « mécréants » alors que depuis la loi du 18 Juillet 1837,le cimetière est communal.

Je me souviens, dans mon enfance à Bernay (dans l'Eure), avoir demandé à ma grand-mère pourquoi certaines tombes étaient hors du cimetière : de l'autre côté du mur de clôture, c'étaient les tombes de ceux qui avaient fait de grosses bêtises ! Mais j'ai su plus tard en consultant le registre du cimetière de Sainte Croix que les tombes des enfants morts sans baptême y étaient aussi...à côté des défunts sans sacrements, des suicidés et des condamnés à mort... 

En fait, ce brave homme a pu être inhumé dignement sans trop de remous.

Nul ne saura jamais, par contre, quels furent les ragots, les médisances ou les mises à l'écart que peut avoir subi la famille, ni les rappels en chaire du Curé à ses paroissiens soumis.

Une opinion politique ou religieuse dissidente pouvait avoir des répercussions sur la vie sociale de la famille (et ce quelle que soit la région!)