Un Seigneur "bandoulier"
La réputation des Massatois n'est plus à faire, elle perdure au XXI° siècle et comme les définit le Conseil d'Etat , ils sont réputés pour être « rebelles et indépendants »...Nous avons vu que le premier Préfet de l'Ariège les voit comme « demi civilisés …De plus, leurs chemins sont impraticables !
Il faut dire qu'ils sont soumis à un climat rude, une terre pauvre alors ils défendent pied à pied toutes les franchises et droits qu'ils ont obtenus par les chartes signées au Moyen Age : « de temps immémorial » , en fait il s'agit d'un document de 1446. Mais, là, nous sommes en 1600.
Arrive un nouveau seigneur Henri Gaston de Foix Rabat !
Voici le portrait que nous en brosse Georges Blondet, le biographe de la famille Foix Rabat :
« Le premier des comtes de Rabat anobli par Louis XIII, porte parole des Etats de Foix dont il est le principal personnage, chanoine du chapitre abbatial de Foix , tyran de ses vassaux, fléau de ses parents, sans cesse en procès avec ses frères, soeurs et cousins, sans cesse en difficulté avec le Parlement de Toulouse, frappé successivement de peines graves, chef de bandes à pied et à cheval, et d'ailleurs absent des guerres officielles que la couronne a à subir, président « d'assemblées de brigands et de voleurs dans sa vieillesse et cependant l'un des barons qui avaient escorté la Sainte Ampoule à Reims pour le sacre de Louis XIII, fut un gentilhomme "bandoulier » !
(Histoire de la famille des Foix Rabat in BSA, 1901, 1905 ; cité par Michel Galy « Une communauté en résistance, Massat » p 143)
Cela ne donne pas envie de le rencontrer , encore moins de l'avoir pour seigneur !
Forcément sous ce « fléau » se multiplient les soulèvements populaires et les procès de la part des Massatois !
Dès 1603, la vallée se plaint de son seigneur en justice, autre litige en 1613 mais en 1619 commence une période très troublée qui deviendra paroxysmique entre 1637 et 1646 !
La plupart de ces révoltes sont dues à l'exploitation des forêts (déjà!) que le seigneur s'est approprié pour alimenter en charbon de bois, ses forges ; privant ainsi les habitants de pacages, de bois de chauffage et mettant fin à leur commerce de bois vers Saint-Girons ! En effet, il va jusqu'à bloquer les radeaux de flottage en barrant les rivières avec des chaînes !!
Tout cela ressemble beaucoup à une première "Guerre des Demoiselles" : mêmes causes et mêmes effets; peut'être sans grimage et sans chemises mais révolte contre le pouvoir seigneuriale sûrement !
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