aujols-Laffont

Parmi les déshérités, les fous!

Appelons les maladies mentales par le nom que leur donnaient nos ancêtres ! Bon, maintenant, le problème est de savoir qui sont ceux qu'on qualifiait de « fous » et là, ça se complique sérieusement,,, Nous pourrions dire tous les déviants, tous ceux qui vivent et se comportent différemment : les agressifs, les lunatiques, les femmes « folles de leur corps », les simples d'esprit et même les malades « du haut mal ».

Mais ce n'est pas si simple, la société villageoise tolère ou même parfois défend le violent, le bagarreur chronique : il défend son honneur et celui de sa famille !

Pour avoir fait un certificat de licence de « sociologie des maladies mentales », je crois savoir que définir la folie de nos jours est très complexe mais imaginer comment nos ancêtres la concevaient est encore plus difficile !!!

Prenons le problème autrement pour essayer de les comprendre, et regardons qui sont les personnes internées à Saint-Lizier et pour quelles maladies. Au moins, nous partirons d'un support historique fiable, même si certaines maladies ne sont plus considérées, de nos jours, heureusement,, comme des maladies mentales : je pense à l'épilepsie et assez récemment à l'autisme.

Comment se retrouve-t-on interné ? La Maréchaussée, la famille ou la Mairie, je n'ai pas retrouvé beaucoup de traces, seulement une où la Mairie de Riverenert délibère sur un internement à la demande de la famille :

« Monsieur le Maire a exposé que le nommé S... Jean-Pierre, cultivateur âgé de 21 ans, atteint d'aliénation mentale dangereuse est dans l'indigence ainsi que les membres de sa famille à qui la loi impose le devoir de subvenir à ses besoins qu'une demande a été formée par ceux-ci afin(?) d'obtenir le placement dudit S... Jean Pierre dans l'hospice des aliénés aux frais du département et qu'il appartient au Conseil de donner son avis sur cette demande attendu le concours que la commune doit fournir dans la dé... des aliénés indigents conformément à la loi du 30 Juin 1868.

Le conseil Municipal....considérant l'état d'indigence dudit S... Jean-Pierre et de S... Blaize G.. et S... Raymonde, ses père et mère auxquels les aliments pourraient être demandé, conformément à l'article 205 et suivants du Code Royal est d'avis qu'il y a lieu de placer ledit S... Jean-Pierre... »

Jean-Pierre ira à l'asile, apparemment, mais pourquoi ? Il est peut-être « simplet » et colérique mais le Conseil ne fait pas mention de troubles à l'ordre public, de violences ou d'autres délits. Il a 21 ans et va se retrouver interné toute sa vie (sans doute) parce que ses parents sont indigents et ne veulent plus le nourrir !

Je n'ai, malheureusement pas retrouvé sa trace dans les registres de Saint-Lizier, peut-être y-a-t-il été plus « heureux » que dans cette famille si « aimante »... et dans laquelle j'ai des collatéraux.

Je ne suis pas en train de vous dire que tous les pensionnaires de Saint-Lizier sont des victimes dont les familles veulent se débarrasser mais, pour certains la question peut se poser...

Leurs traces dans l'Etat civil sont essentiellement des actes de décès mais qui ne nous disent rien de leur maladie :

                                                            Etat civil de Massat acte du 22 Mars 1880)

"Lesquels nous ont déclaré que le jourd'hui 20 Septembre à quatre heures du soir est décédé à Saint-Lizier dans le azile des aliénés, Bernard G... F..., âgé de 30 ans, tisserand , né et domicilié à Lirbat, commune de Massat, époux d' Elizabeth T... R..., ménagère, habitante de Massat..."

(Etat civil de Massat le 1° Mai 1865)

"Ont déclaré que le jour d'hier, 9 Février, à 9 h du matin, est décédée à Saint-Lizier dans ledit azile des aliénés, Marie C.. P...âgée de 65 ans, cultivatrice, née et domiciliée dans la commune de Massat, hameau de Liers, quartier de Viélot, veuve de Jean L de P, sans autres renseignements..."

Dans le prochain billet, nous verrons les registres de l'asile, les causes d'internement et les conditions de vie !